Manifester
Read MoreLes mouvements sociaux qui luttent contre la crise écologique se sont considérablement développés au cours des deux dernières décennies. En raison notamment de transformations politiques et culturelle, d'opportunités (une part croissante des États ont reconnu ce sujet comme un problème politique légitime) et d'accumulation de ressources journalistiques et militantes (via des ONG internationales puissantes), ces mouvements bénéficient aujourd'hui d'une large visibilité et d'un traitement globalement favorables dans les médias. Leurs cortèges, souvent festifs et pacifiques, parviennent singulièrement à attirer les femmes, les urbains, les jeunes et plus généralement les membres se situant au "pole culturel" de l'espace social. Les classes populaires sont en revanche relativement absentes de ces grandes mobilisations. De fait, les mouvements écologistes ayant intégré dans leur combat la critique du marché, des accords de libre échange, des politiques d'austérité, de la répartition des richesses, etc. sont encore très marginaux.
Marche mondiale pour le climat (Paris, 2019)En France, les femmes n'obtiennent le droit de vote qu'en 1944. Pendant longtemps, celui-ci leur était refusé en raison d’arguments misogynes : les femmes seraient faites pour être des mères et de bonnes épouses, ce qui serait incomcompatible avec l’exercice du droit de vote ou d’un mandat politique. Par ailleurs, certains, à gauche comme à droite, redoutaient l’influence de l’Église sur le vote féminin. Après la Première Guerre mondiale et grâce à des pionnières du mouvement féministe comme les suffragettes en GB, le débat évolue progressivement pour leur concéder ce droit.
Les luttes des femmes n'ont cependant jamais été exclusivement centrées sur les droits des femmes. Dès le début du 20ème siècle, elles se mobilisent tantôt au non de l'égalité, tantôt au nom de leurs différences, toujours contre les injustices dont elles étaient victimes, réclamant à la fois, le droit au travail, à l'éducation, le droit de vote et également le droit à la "libre maternité".
Manifestation contre les violences faites aux femmes, Paris 2016.Parce que l'oppression des femmes prend des formes multiples (injures sexistes, inégalités de salaires, dévalorisation des compétences féminines, harcèlement sexuel, etc.) qui se cumulent et s'articulent à d'autres inégalités sociales, les femmes sont présentes dans la plupart des mobilisations. Quand elles luttent pour leur dignité ou leur droit à la parole, elles se situent à la fois sur le terrain de la lutte des classes et sur celui de la lutte contre l’oppression sexiste, même si elles-mêmes n’en ont pas toujours conscience.
Ligne 1 : Manifestation contre les violences faites aux femmes (Paris, 2016) / Marche mondiale pour le climat (Paris, 2019)
Ligne 2: Mouvement des Gilets jaunes (Rungis, 2018) / Manifestation anti-Trump (Paris, 2016)Les différents métiers et professions font une place inégale aux femmes. Il en est de même des mouvements sociaux qui comportent toujours une dimension sexuée. Ces derniers sont en effet plus ou moins mixtes dans leur composition, mais surtout leur organisation interne et leurs objectifs reflètent, et parfois mettent en cause, la division sociale et sexuelle du travail et les rapports de pouvoir entre hommes et femmes.
Dans les secteurs mixtes à majorité féminine qui valorisent des compétences "relationnelles" comme l'éducation et surtout les secteurs sanitaire et social (infirmières, assistantes sociales, etc.), il n'est plus exceptionnel que des femmes deviennent les portes paroles de l'ensemble du groupe. Cette reconnaissance n'est cependant jamais aussi évidente que pour les hommes. Elle suppose souvent un combat à l'intérieur du groupe mobilisé.
Manifestation contre la sélection à l'Université (Paris, 2018)Dans la période contemporaine, les actrices du mouvement féministe ont centré leurs luttes contre les discriminations sexistes, l'adversaire pouvant revêtir des formes diverses : Les hommes (conçus comme groupe biologique), le "patriarcat", la "misogynie" ou encore la "division sexuelle et sociale du travail" dans toutes les sphères de la société. Pour certaines, l'enjeu de ces luttes est la reconnaissance de la "différence sexuelle". Pour d'autres, au contraire, il s'agit de mettre en cause la construction sociale de la différence des sexes (nombre d'entre elles considérant que l'égalité ne consiste pas dans le partage du pouvoir avec les hommes, mais suppose une transformation globale des rapports sociaux).
Manifestation anti-Trump (Paris, 2016).