Mobilisation des Cheminots contre la réforme de la SNCF

Paris, 22 mars 2018


Alors que la presse patronale félicitait récemment E. Macron de « manager la France comme une entreprise », les cheminots et, avec eux, le reste de la fonction publique ont décidé de défiler en masse le 22 mars à Paris. La date, qui fait référence au départ de la contestation étudiante 50 ans plus tôt, est censée envoyer un signal au gouvernement et créer enfin le point de départ d’un rapport de force pour s’opposer à sa politique.


Les motifs d’une mobilisation ne manquent pas tant les attaques se multiplient à l’encontre du secteur public et de leurs principaux bénéficiaires, les catégories populaires. La promesse de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires d’ici 2022 et surtout la dégradation des services publics liée aux politiques d’austérité et aux effets du nouveau management public s’ajoutent à plusieurs mesures ouvertement discriminatoires comme la réforme en cours de l’assurance chômage ou encore celles portant sur le lycée et l’accès à l’Université.


Concernant les cheminots qui ont voté la mise en place d’une « grève perlée », la protestation porte principalement sur la transformation de la SNCF en société nationale à capitaux publics, l’abandon du statut de cheminot à l'embauche, ou encore la suppression des petites gares du territoire. Autant de mesures qui découlent de l’ouverture du marché ferroviaire à la concurrence dictée par la Commission européenne et dont le gouvernement actuel se fait le chantre.


Cette injonction (ancienne) de la Commission à privatiser l'intégralité du secteur des transports raisonne de façon particulière en France. Si elle est potentiellement lucrative pour certains investisseurs privés, elle pourrait bien mettre en péril la sécurité du rail sur certaines zones du territoire déjà négligées par l’État et les collectivités territoriales pour des raisons strictement comptables. L'exemple souvent cité du cas anglais montre aussi que ce type d'ouverture à la concurrence n'est efficient ni sur le plan social (explosion des tarifs pour les usagers, dégradation des conditions de travail pour les salariés), ni sur le plan économique en raison du coût inéluctable à terme des investissements et du rôle majeur que joue la sauvegarde des petites lignes dans le soutien de l'activité de certaines régions. Ce type de recommandation laisse en outre de côté l'enjeu proprement écologique qu'il y aurait à investir massivement dans ce type de transport.  Autrement dit, cette politique, nourrie du présupposé libéral des bienfaits d'une concurrence "libre et non faussée", remet fondamentalement en cause le principe d’égalité de service entre les usagers sans aucune contrepartie pour la collectivité.


Le 22 mars, les cortèges des cheminots sont particulièrement fournis et viennent des 4 coins de la France (Lorraine, Pas de Calais, Lyon, Nantes, Rennes, etc.) grâce à l'unité des principales centrales syndicales (CGT, CFDT, UNSA, FO, SUD). Retraités, chômeurs, étudiants, travailleurs sociaux, personnels des hôpitaux et de l'éducation, mais aussi quelques salariés du privé et des usagers solidaires les ont rejoints place de la Bastille.


Une caisse de grève a été ouverte pour soutenir les cheminots dans leur combat... pour notre futur.


© Brice Le Gall - 2020


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