La France insoumise marche pour la 6ème République
"Nous sommes demain"
Dans la perspective de la campagne présidentielle française de 2017, un mouvement citoyen est lancé le 10 février 2016 afin de promouvoir la candidature de Jean Luc Mélenchon. Par plusieurs aspects, ce mouvement -la France Insoumise- renouvelle l’offre politique des dernières décennies. Non assimilable à un Parti traditionnel, son programme s’inspire à la fois de celui du front de Gauche à l’élection présidentielle de 2012, des travaux conduits par le Parti de Gauche au cours des assises pour l’éco socialisme et des sommets pour un plan B en Europe, mais aussi des nombreuses contributions des partisans du mouvement.
On retrouve ainsi dans ce programme des revendications traditionnelles de la gauche anti capitaliste nourrie par la critique sociale et les idéaux portés par les mouvements sociaux : réduction du temps de travail, interdiction des licenciements boursiers, partage des richesses et revalorisation des salaires via la réforme de la fiscalité, droit à la retraite à 60 ans, sécurité sociale intégrale, droit au logement, etc. Mais il se distingue aussi, et surtout, des autres projets politiques de gauche par la place accordée simultanément aux questions européennes, écologiques et par l’ensemble des mesures visant à remettre le citoyen au cœur du processus de décision démocratique.
Partant du constat qu’aucune politique progressiste n’est possible dans le cadre des traités européens actuels, il promeut un véritable souverainisme de gauche. La philosophie de ce souverainisme est à entendre comme une force collective d’opposition à la puissance du Capital et comme la construction d’une communauté consciente et maitresse de son destin. Il passe ainsi par un changement radical du modèle de politique économique et par une triple remise en cause : celle de la financiarisation internationale, du libre échange international, et des principes inscrits dans le marbre de la politique européenne (l’ajustement structurel, les privatisations et l’orthodoxie budgétaire). Par ses valeurs, ce souverainisme n’a rien à voir avec la fermeture des frontières, le repli identitaire, ou la construction d'une communauté nationale sur des bases essentialistes prétendument ethniques, culturelles ou religieuses. Il entend, au contraire, respecter les différences et défendre la dignité humaine, intensifier la circulation des hommes et des femmes, des œuvres et des arts, construire des coopérations altermondialistes et internationalistes, travailler à la paix dans le monde en luttant contre les causes des guerres.
La marche pour la 6ème République du 18 mars 2017 donne un aperçu de la variété des revendications portées par ce mouvement résolu à remettre l’économie et les institutions au service de l’intérêt général. Elle incarne un espoir face au fatalisme du pire et à la démoralisation collective liés à la politique de dépolitisation qui sévit en France depuis plusieurs décennies. Les pancartes se succèdent réclamant pêle-mêle la création d’une assemblée constituante citoyenne, la suppression du Sénat, la révocation et l’inéligibilité à vie des élus corrompus, l'abaissement de l’âge du droit de vote à 16 ans, la reconnaissance du vote blanc, etc. D’autres mesures comme, par exemple, l’inscription dans une nouvelle constitution du droit de mourir dans la dignité, ou celles relevant de la planification écologique, traduisent aussi l’élan humaniste et responsable qui anime ce mouvement. Cette marche rappelle ainsi cette époque, aujourd'hui lointaine, où la gauche n'avait renoncé ni à ses valeurs ni à la transformation de l'ordre capitaliste. En somme, quand la gauche essayait.