Trop rare pour manquer l’occasion d’aller à sa rencontre, le peuple de droite est descendu dans la rue le 5 mars 2017. Pas exactement n’importe où (place du Trocadero dans le 16ème arrondissement de Paris) et surtout pas pour n’importe quelle raison : En pleine campagne présidentielle et alors que le candidat des Républicains a remporté la primaire de la droite en faisant valoir notamment son « intégrité », François Fillon est soudainement acculé par de multiples affaires qui le mettent en difficultés et sapent sa légitimité au sein de son Parti. Ces affaires révélées par la presse lui vaudront bientôt une mise en examen pour détournement de fond publics, complicité et recel de détournement de fond publics, recel et complicité d’abus de biens sociaux et manquement aux obligations de déclaration à la haute autorité pour la transparence de la vie publique (Edit du 23 mars 2017 : les chefs d'inculpation s'accumulant jour après jour, la liste n'est pas exhaustive...). La peine la plus élevée (détournement de fonds publics) est punie de 10 ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million d’euros. Mais s’il est élu, il jouira du statut pénal du Président de la République, qui ne peut faire l’objet d’une procédure judiciaire ou administrative pendant la durée de son mandat.
Dès la fin du mois de février, son équipe de campagne se décime, des militants n’osent plus tracter sur les marchés. L’idée d’un rassemblement fait d’abord polémique au sein de son Parti. Il est en effet présenté par le journal Valeurs Actuelles comme une manifestation « contre le coup d’Etat des juges rouges, qui confisquent l’élection présidentielle en orchestrant une traque anti-Fillon ». La mise en cause des institutions de la République n’étant guère convenable pour un candidat à la présidence, le mot d’ordre officiel est transformé en « grand rassemblement populaire ». Pour éviter tout dérapage, l'équipe du candidat précise d’ailleurs sur son site internet qu'aucune banderole ni panneau n’est admis au rassemblement, « seuls les drapeaux tricolores seront autorisés ».
Sens commun, le mouvement politique né dans la foulée de « la manif pour tous » a sollicité ses 9.000 adhérents pour les inviter à venir remplir la place, mais c'est le pôle "Société civile" de l'équipe de campagne, animé par Pierre Danon, homme d'affaires et ami de François Fillon, qui chapeaute formellement l'événement.
Au début du meeting, Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, déclare que 200 000 personnes étaient venues des différents coins du pays pour soutenir le candidat. Selon la police la mobilisation est estimée plutôt entre 30 et 40000 personnes. Dans la foule, le chiffre de 5 000 participants est évoqué.
Les photos présentées ici se concentrent exclusivement sur le public de ce rassemblement. Elles ne prétendent évidemment pas donner une image exhaustive du "peuple de droite". Mais elles ont pour intérêt de rappeler l'existence de celles qui le composent : sa fraction urbaine et bourgeoise qui continue de constituer le cœur de son électorat, d'après la sociologie électorale.