Délégation palestinienne d'Aïda

Grigny, Centre de formation de l'Essonne, jeudi 1er décembre 2022.


A l'occasion du jumelage entre la ville de Grigny et le camp de réfugiés d'Aïda en Cisjordanie, une délégation palestinienne s'est rendue le 1er décembre au Centre de Formation de l'Essonne. Cette rencontre a été l'occasion de mettre en perspective les difficultés rencontrées par les travailleurs sociaux en France et celles des associations qui se battent pour les droits humains en Palestine.


Le camp d'Aïda est situé à deux kilomètres au nord de Bethléem et à un kilomètre au nord de Beit Jala. D'une superficie de 66 hectares, il regroupait environ 3000 réfugiés lors du dernier recensement effectué. Saïd Mohammad Abdelrahman Alazzeh (Président du Comité Populaire du Camp) et Nasser Saraya (AJPF) ont notamment insisté sur les problèmes liés au faible ancrage des populations à l’intérieur du camp, le manque de moyens matériels et humains, la faiblesse structurelle de l'administration, ainsi que l'importance du dévouement des militants, tous bénévoles pour venir en aide aux populations. La réalité de la guerre et des bombardements impose sa propre temporalité aux associations engagées sur le terrain et rend particulièrement difficile leurs interventions auprès des réfugiés.


Les prises de paroles de deux étudiantes inscrites en formation de technicien(ne) de l'intervention sociale et familiale (TISF) ont permis aussi d'engager une discussion avec une infirmière palestinienne sur les besoins en formations pour accompagner les pathologies auxquelles ces militant(e)s sont confronté(e)s. En Cisjordanie, la guerre a bouleversé les structures économiques et sociales et engendré des problématiques spécifiques, notamment sur le plan familial (croissance des cas de consanguinité par exemple). Par-delà l’urgence et la logique de la survie qui façonnent le rapport à l’intervention dans ces camps de réfugiés, on retrouve aussi des problématiques semblables (croissance des diagnostics d’« autisme ») et surtout un terreau commun dans le mode d’engagement : même souci de l’autre, même exigence de solidarité, même rapport vocationnel au métier.


Ces similitudes par-delà les réalités vécues expliquent sans doute la force de ce sentiment partagé de fraternité et de bienveillance qui s'est exprimée lors de cette rencontre. Comment « tenir » lorsque le désenchantement ou le découragement guettent ? Comment comprendre la pérennité des vocations et la persistance des investissements de ces "premiers de corvées" qui se battent pour les plus vulnérables aux quatre coins de la planète ?


On trouvera des éléments de réponse dans le bel ouvrage de Jean-François Gaspar, Tenir ! les raisons d’être des travailleurs sociaux .


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